Etude d'un nouveau Collège de Romanellaz
Lecture du site
Le périmètre du concours de la Romanellaz se trouve à proximité immédiat du centre de Crissier. Il est situé à l'arrière du front bâti délimité par la rue du Centre (artère à grand trafic reliant Lausanne à Cossonay) et la rue d'Yverdon dont l'intersection à angle droit, sur la place Fredy Girardet, constitue le noyau historique du village. Le chemin du Château délimite le troisième côté à partir duquel on accède sur le site par deux voies de desserte parallèles et sans issue: le chemin de la Romanellaz et le chemin des Oches du Mur.
La topographie du lieu est caractérisée par une pente relativement douce, uniformément orientée nord-sud, avec une légère accentuation dans l'angle nord-est de l'actuelle école enfantine. Le front bâti environnant (schéma 4) présente un fort contraste entre le tissu ancien, irrégulier et découpé, et les constructions contemporaines, rectiligne et répétitif. Ainsi, l'imposant immeuble de logement, tout en longueur, au nord du site, sur le chemin du Château, constitue à lui seul une limite forte au périmètre du concours. A ses pieds, sur la façade sud, le terrain accuse une rupture nette sur un talus. Il est accentué par le mur de soutènement qui retient la terrasse devant le bâtiment. Enfin, la limite en bas de la parcelle du concours est moins précise. Elle n'est matérialisée que par une simple clôture au milieu d'une surface herborisée.
Le domaine bâti présente une densité variable: compacte le long des anciennes routes de liaison, elle est plus diffuse sur le reste du site, alternant constructions isolées ou groupées et des étendus verts. La disposition entre le plein et le vide, entre le bâti et les espaces intermédiaires, génèrent des percées visuelles remarquables, perceptible notamment sous trois angles différents du périmètre du concours (schéma 3).
Intentions
1. Proposer un bâtiment compact et unitaire. La surface à bâtir relativement restreinte ne permettant pas d'envisager plusieurs édifices sans recourir à la construction en hauteur.
2. Concevoir une construction économique sur le plan financier et énergétique, en conformité avec les principes du développement durable. Cela, sans sacrifier sur la qualité architecturale et spatiale ni sur les directives et les règlements en vigueur.
3. Produire une architecture contemporaine avec un caractère villageois, empreinte de sobriété et de simplicité, qui s'intègre dans l'environnement bâti du village de Crissier.
Descriptif sommaire du projet
A l'exception de deux classes enfantines, situées de plein pied au rez-de-chaussée, toutes les salles de classe sont regroupées à l'étage. Elles sont réparties sur trois façades qui, sous certain angle, s'ouvrent sur des dégagements visuels divergents. Ces perspectives portent le regard dans le lointain ce qui contraste avec la vision bouchée sur le front bâti existant (schéma 3).
Les façades Nord et Est accueillent la majorité de ces classes pour son calme et sa tranquillité. Par ailleurs, ces deux façades décrivent respectivement une légère diagonale par rapport à l'orthogonalité du bâtiment. Cette caractéristique géométrique a pour objectif de favoriser, d'une part, un dégagement plus généreux vis-à-vis de la limite nord de la parcelle et, d'autre part, de ne pas dépasser les 2'000 m2 de surface brute de plancher (SBP) règlementaire.
Seule la classe des travaux manuels, potentiellement bruyant, occupe la façade Ouest. Celle-ci donne sur le secteur le plus animé du site du fait de sa proximité immédiate avec les habitations attenantes. D'autre part, le passage relativement étroit entre le front bâti du village et le nouveau collège forme, à cet endroit, une sorte de corridor urbain, propice à amplifier les émissions sonores. Bien qu'il soit aménagé prioritairement pour le piéton, le chemin de la Romanellaz reste accessible aux voitures, principale source des nuisances sonores. Ainsi, la chaussée subira sans doute, selon les heures de la journée, une augmentation du trafic automobile des riverains et du bus scolaire jusqu'à son aire de rebroussement. Pour ces raisons, nous avons choisi pour notre projet de constituer une sorte de « barrière phonique » en disposant les locaux "bruyants" (salle multifonctionnelle, salle de gym et salle des travaux manuels) sur la façade Ouest. Les espaces nobles, propices à la concentration et à la réflexion, tels que les classes et les salles des maîtres, sont disposés sur les trois autres côtés du bâtiment, à l'étage comme au rez-de-chaussée.
Les salles de classe et les locaux annexes (infirmerie, local matériel et demi salle de dégagement) sont répartis, suivant un schéma concentrique, autour du noyau central dans lequel sont placés l'escalier principal et les sanitaires. Ce noyau renferme la circulation verticale autour de laquelle s'organise le programme du concours. Il constitue également un contreventement à la structure de l'édifice au même titre que la cage d'ascenseur et l'escalier de secours, accolé à la façade Ouest. Enfin, un grand espace de rencontre et de repos, inondé de lumière naturelle à travers une large baie vitrée, complète la façade Sud. Une marquise à double bandeaux qui remonte du rez-de-chaussée sur la quasi-totalité de la façade sert de brise soleil. Vu en plan, le dessin de la marquise complète celui du volume en saillie des salles de classes, sur la façade Nord, pour former un carré presque parfait sur lequel repose le plan de la toiture. L'intérieur des classes et de la zone de rencontre est dépourvu de faux-plafond. Il s'ouvre sur des volumes généreux qui épousent la forme de la toiture dont la géométrie irrégulière se décline sous différents profils. Une richesse spatiale qui confère aux locaux de l'étage leur propre dimension faisant qu'en terme de volumétrie, aucune salle n'est identique à une autre.
Afin de limiter la hauteur sous comble - qui aurait généré un volume important si le bâtiment était recouvert d'une toiture à un seul faîte - nous avons opté pour son fractionnement en quatre parties distinctes. Chacune d'elles vient couronner les quatre façades du nouveau collège par un raccord à fleur de mur. Les arêtes faîtières, légèrement inclinées, forment un quadrilatère irrégulier autour d'une dépression au fond de laquelle s'étend la couverture horizontale du noyau central. Les pentes de toiture exposées au sud qui convergent sur cet espace confiné peuvent être garnies de panneaux solaires, sans impact négatif sur le paysage environnant.
Ainsi défini, le gabarit de la toiture reste relativement faible proportionnellement aux dimensions du bâtiment. Il permet surtout de supprimer le comble, réduisant le volume sous toit à un niveau bien inférieur à celui mentionné dans le Plan partiel d'affectation. Zone CB 3.1. Considéré sous certains angles, l'observateur aura la nette impression de se trouver devant un édifice à toit plat tant son profil s'efface derrière le plan des façades.
Le niveau du sous-sol accueille la salle de gymnastique, un des principaux locaux du programme. Elle occupe l'angle nord-ouest du bâtiment, le meilleur emplacement pour la lumière indirecte qui pénètre dans la salle à travers de larges ouvertures ajourées. Les vestiaires des maîtres et des élèves sont situés à proximité réduisant au maximum leurs déplacements. Enfin, les locaux techniques et d'engins intérieurs dont l'utilisation ne requiert pas de lumière naturelle complètent le niveau.
Parking souterrain
Bien que le parking privé - des deux immeubles projetés au sud du collège - soit situé en dehors du périmètre du concours, il nous semble plus judicieux de l'intégrer avec celui de notre projet. Ensemble, il ne forme qu'un seul et unique parking souterrain illustrant notre volonté de regroupement au lieu du morcellement de l'espace dans un périmètre aussi restreint. La solution présente l'avantage d'être, à la fois, économique, pratique, rationnelle et facile à mettre en œuvre.
Pour limiter le volume de terre excavée, la bouche d'entrée du parking souterrain est ramenée au plus près de la zone de stationnement ; tout comme le profil du tunnel d'accès qui est composée d'une rampe à double volée. Une disposition qui facilite les manœuvres de l'automobiliste. En effet, une fois sorti du souterrain, ce dernier bénéficie d'une visibilité accrue et d'une distance suffisante avant de s'engager sur la rue d'Yverdon en toute sécurité.
A l'intérieur du parking, les places pour enseignants sont clairement séparées de celles des privés par la bande de distribution centrale. Réservé uniquement aux personnes autorisées, l'accès du parking est régi par un double système de contrôle: une borne d'accès au sommet de la rampe et une porte sécurisée à l'entrée du sous-sol.